« Chronique courtoise », n° 4

Un Fait-Divers à Le Cours en 1842, suivi d’un épilogue dramatique.

La commune de Le Cours a été créée en 1932, par dissociation de la commune de Molac, mais la paroisse date pour sa part de 1839. De fait, un curé (ou recteur) y a été installé à cette époque. À ma connaissance (sous réserve de démentis futurs), la plus ancienne trace dans la presse d’un événement à Le Cours remonterait à 1842, elle a trait à un fait-divers aux conséquences funestes.

Le samedi 26 mars 1842, un hebdomadaire, Le Morbihan, journal des intérêts du département, religieux, commercial, agricole, industriel, politique et littéraire [ouf !], de Vannes, relate un vol au presbytère de la paroisse, le dimanche précédent au détriment du recteur M. Robert alors qu’il officiait à la grand-messe dominicale, en présence de tous les occupants de la maison. Malgré des soupçons se portant sur deux étrangers à la commune, les coupables couraient toujours.

Détail intéressant, il est noté que les suspects s’étaient renseignés sur le fait que le recteur eut ou non payé le remplaçant de son neveu « tombé dans la conscription », et donc s’il disposait ou non encore de la somme nécessaire pour cela. En effet à cette époque le service militaire, qui durait alors 6 ans) ne concernait pas tous les jeunes hommes, mais ceux qui lors d’un tirage au sort avait la malchance de ‘‘tomber dans la conscription’’. Cependant, il était alors possible de se trouver un remplaçant, moyennant une compensation financière versée à l’État. Il va sans dire que les plus fortunés allaient chercher leurs remplaçants parmi les jeunes des classes populaires, incapables eux-mêmes de payer cette compensation.¹.

Le larcin connut une suite toutefois, un épilogue dramatique rapporté par le même journal dans son numéro suivant, le 2 avril 1842. M. Robert, très affecté par le vol aurait montré dans les jours suivants des « symptômes d’aliénation mentale », écrit le journal. On l’a retrouvé mort dans sa chambre « baigné dans son sang ». Coup de sang, chute ou suicide ? Le journal n’en dit pas plus et s’en garderait certainement si la dernière hypothèse était la bonne ; le suicide étant alors jugé comme un très grand péché, qui plus est pour un homme d’Église. On ne saura non plus, si le neveu échappa ou non au service militaire.

1. Ce système socialement injuste, institué par Napoléon en 1804, a perduré un siècle et un an, jusqu’en 1905. À Le Cours, c’est dans un café aujourd’hui disparu, situé à La Renauderie que se déroulait les tirages au sort. [↩]

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